Vienne, de notre correspondant.
Jamais l'extrême droite autrichienne n'aura été si proche du pouvoir. Mardi soir, le chancelier social-démocrate sortant Viktor Klima, la voix fatiguée, a annoncé qu'il jetait l'éponge: son parti, le SPÖ, renonce à former un gouvernement minoritaire. La porte du gouvernement s'ouvre donc encore plus grande au FPÖ, le parti nationaliste et xénophobe du charismatique Jörg Haider. Celui-ci a en effet invité les conservateurs (ÖVP) à entamer dès à présent des négociations, en vue de former une coalition «noire-bleue» (du nom des couleurs usuellement attribuées à chaque parti politique, en Autriche, le noir pour les conservateurs, le bleu pour le FPÖ). Bien que dépassant d'une courte tête les conservateurs (415 voix) aux législatives d'octobre, le FPÖ de Haider a déjà assuré qu'il ne briguait pas nécessairement le poste de chancelier. «En échange, a précisé le responsable de son groupe parlementaire, nous pourrions obtenir des ministères importants comme les Finances ou les Affaires sociales.» Ainsi, après avoir souffert pendant treize ans de leur position d'allié soumis des sociaux-démocrates, les conservateurs pourraient enfin réaliser leur rêve de voir l'un des leurs s'asseoir dans le fauteuil de chancelier.
Fatalisme. Alors que la communauté internationale a déjà très vivement réagi à l'éventualité d'une entrée de l'extrême droite dans le gouvernement (lire ci-contre), aucune réaction, ou presque, n'est apparue en Autriche. La presse se contente