Bangkok, de notre correspondant.
Le Premier ministre malaisien est aujourd'hui à Paris, où il sera reçu à déjeuner par Jacques Chirac. Mahathir Mohammad, qui dirige le pays depuis 1981, fait partie de ces chefs d'Etat qui, après avoir donné l'illusion d'un certain modernisme, finissent leur règne comme des potentats. Il a pourtant atteint son objectif lors des élections de novembre dernier: la coalition de partis au pouvoir a emporté plus des deux tiers des sièges de l'Assemblée, et il est assuré de rester à la tête du pays jusqu'en 2004, terme de son cinquième et, selon sa volonté, dernier mandat. Beaucoup en profiteraient pour desserrer l'étreinte. Tout au contraire, à 74 ans, Mahathir s'irrite, s'acharne, traque impitoyablement les opposants et tout particulièrement les partisans d'Anwar Ibrahim, son ancien dauphin, limogé puis condamné au terme d'un procès douteux à la prison jusqu'en 2003.
Neutralisation. A la mi-janvier, quatre opposants ont été inculpés de sédition, brièvement arrêtés puis relâchés sous caution. Parmi eux, Karpal Singh, l'un des avocats d'Anwar, et Zulkifli Sulong, rédacteur en chef de l'organe de presse du Parti islamique, la force montante de l'opposition. Dans la foulée, Ezam Mohammed Nor, dirigeant du mouvement de jeunesse d'une autre formation d'opposition, le Parti de la justice, a été inculpé pour possession illégale de documents secrets. Tous sont proches d'Anwar Ibrahim. Mais le directeur du New Straits Times, un journal à la botte du pouvoir,