New York, de notre correspondant
Personne ne sait ce qui s'est passé dans l'immeuble d'Amadou Diallo, le 4 février 1999, aux toutes premières heures du matin. Selon la version de la police, quatre officiers étaient en patrouille dans le Bronx, à la recherche d'un violeur qui traumatisait le quartier depuis plusieurs semaines, quand ils ont aperçu le jeune vendeur de rue d'origine guinéenne vers minuit et demi, au coin de chez lui, au 1 157, Wheeler Avenue. Ils l'ont alors suivi et l'ont intercepté dans le vestibule menant à son appartement. Là, le jeune homme de 22 ans aurait fait un geste vers son manteau et les policiers ont tiré. Quand le médecin légiste arrive sur place, il doit se rendre à l'évidence: le corps de la victime a été transpercé de 41 balles. Aux journaux télévisés de midi, les autorités reconnaissent qu'Amadou Diallo n'avait jamais eu de problème avec la loi, qu'il n'était pas armé et que la seule chose découverte dans la poche de son manteau était un porte-monnaie avec ses papiers.
Procès déplacé. Presque un an jour pour jour après les faits s'ouvre aujourd'hui à Albany un procès que la presse new-yorkaise a déjà qualifié de «procès de la décennie». Suspendus de leurs activités puis réintégrés dans des «fonctions de bureau», les quatre officiers, Kenneth Boss, Sean Carroll, Edward McMellon et Richard Murphy, ont à répondre d'accusations de meurtre «au second degré». L'affaire est tellement sensible que le procès, qui devait se tenir dans le Bronx, a été tran