Starye-Atagi envoyée spéciale.
«A Grozny, nos tranchées sont parfois si proches les unes des autres que nous pouvons même nous parler. En russe, bien sûr! On les entend rire, boire, regarder la télé, bien à l'abri dans leur BTR (blindés, ndlr). Parfois même, lorsque l'un de leurs avions nous passe au-dessus de la tête et que nous essayons de le descendre, ils s'excitent et nous donnent des conseils: "30 mètres à gauche, 15 mètres à droite! Une fois, j'ai même entendu qu'ils se mettaient eux-mêmes à lui tirer dessus, par peur, sans doute, de recevoir une bombe de leur propre avion. Tout est possible lorsque les positions ne sont distantes que d'à peine 20 mètres!», raconte Edik, rentré blessé dans son village natal de Starye-Atagi.
Vengeance. Cinq semaines après son arrivée dans la capitale, il s'est cassé les deux jambes en sautant d'un toit. Sniper, il tentait d'échapper à un bombardement. Il n'a donc pas pu réellement venger son frère cadet, tué en novembre par une bombe russe, alors qu'il allait dans la forêt pour y couper du bois. «J'ai 29 ans, mon frère en avait 27. Après sa disparition, je ne pouvais plus regarder ma belle-soeur et mes neveux et nièces en face. Il fallait que je me venge. Alors, j'ai décidé de rejoindre un groupe de combattants chargés de la défense de la ville. Lorsque cette sale guerre a commencé, je n'avais pas du tout l'intention de combattre. Je suis berger. Aujourd'hui, je n'attends qu'une chose: qu'on m'enlève ces deux plâtres dans un ou deux mo