Menu
Libération
Reportage

Chamil Bassaïev et ses hommes quittent Grozny.Gravement blessé, le chef de guerre tchétchène a été évacué.

Article réservé aux abonnés
publié le 1er février 2000 à 22h30

Alkhan-Kala envoyée spéciale

Il est à peine 9 heures, hier matin, lorsque les premiers minibus rouillés entrent en trombe dans la cour glacée de l'hôpital d'Alkhan-Kala, situé à une dizaine de kilomètres à peine des faubourgs occidentaux de la capitale. Le bruit a vite couru dans les maisonnées: «Des blessés de Grozny sont arrivés!», lance, en courant, un jeune garçon. Avec difficulté des hommes barbus s'extirpent des véhicules, les yeux las, la poitrine bardée de munitions. Certains portent sur les épaules des tapis découpés en poncho afin de se protéger du froid. Pour la plupart, ils ont passé d'immenses draps blancs sur leur tenue de combat, le même camouflage que leurs ennemis russes. Même les armes ont été emmaillotées de linge blanc, afin de se confondre totalement avec le milieu environnant. Rapidement, les deux étages de l'hôpital sont investis par les boïviki (combattants). Il n'y a qu'un seul chirurgien, spécialisé dans les opérations esthétiques, qui se met immédiatement au travail. Dehors, par -25°, règne une ambiance à la fois chaleureuse et tendue: on se congratule discrètement, des femmes essuient leurs larmes d'un coin de leur foulard, les Kalachnikov s'entrechoquent pendant les accolades. Les boïviki qui ne sont pas blessés restent dehors, engloutissant des miches de pain que les habitants du village s'empressent de leur apporter.«Qui veut un peu d'eau fraîche? Qui veut du poulet rôti?», demande à la cantonade une vieille femme qui déambule, un seau dans une