Paraissant très sûr de lui, le président indonésien, Abdurrahman
Wahid, a écarté hier tout risque de coup d'Etat dans son pays. Wahid, qui a effectué hier une courte visite en France, au cours de laquelle il s'est entretenu avec Jacques Chirac, s'est affirmé «en mesure de tenir le pays en entier», en dépit du refus apparent de démissionner de son ministre de la Sécurité et des Affaires politiques, le général Wiranto. La responsabilité de ce dernier a été mise en cause par la publication cette semaine d'un rapport d'une commission d'enquête indonésienne sur les atrocités commises au Timor oriental au cours de l'été dernier.
Il y a toujours deux pouvoirs en Indonésie: le civil et le militaire. Abdurrahman Wahid, qui dirige depuis octobre dernier le premier gouvernement réellement démocratique qu'a connu l'Indonésie depuis son indépendance (1949), s'emploie à y remédier. Depuis son élection, il s'est efforcé de neutraliser nombre de militaires fidèles à l'ancien régime du général-président Suharto. Fort de sa légitimité et de son aura de démocrate intègre, il a pu écarter en douceur de l'état-major les militaires pour qui le maintien au pouvoir de l'ancienne clique dirigeante et la sauvegarde de l'intégrité territoriale justifiaient l'emploi des pires méthodes répressives et des coups les plus tordus. Restait à Wahid à se débarrasser du dernier homme-lige de Suharto: le général Wiranto. Fidèle parmi les fidèles, Wiranto avait promis à l'ancien dictateur au moment de sa chute,