La justice sénégalaise a réussi là où les justices européennes ont
échoué. En inculpant jeudi soir l'ex-dictateur tchadien Hissène Habré de complicité d'actes de torture, le juge Demba Kandji a fait faire un pas notoire à la justice internationale et prouvé que le Sénégal avait des magistrats qui savent rester indépendants. Demba Kandji a pu auditionner Hissène Habré qui vit en exil à Dakar depuis son éviction du pouvoir en 1990, contrairement au juge espagnol Baltasar Garzon qui n'a pas obtenu de Londres l'extradition d'Augusto Pinochet. Bien que le Tchadien, âgé de 57 ans, bénéficie d'un asile accordé par le président Diouf et qu'il se soit montré discret, ni ce statut privilégié ni le droit coutumier des ex-chefs d'Etat à l'impunité n'ont été invoqués pour mettre un frein au travail de la justice. Hissène Habré est aujourd'hui en résidence surveillée dans sa résidence de Ouakam, près de l'aéroport de Dakar. Ses titres de voyage, ses armes ainsi que celles de la vingtaine de miliciens qui assurent sa garde lui ont été retirés. Rien ne s'oppose désormais à ce qu'il passe en procès devant une cour sénégalaise, pour des crimes commis sur le territoire tchadien. Mieux, si le juge Kandji n'a pas retenu les accusations de crimes contre l'humanité, il a parallèlement ouvert une information judiciaire contre X, ce qui signifie qu'il s'autorise à poursuivre d'autres responsables tchadiens pour des faits similaires, y compris sur le territoire tchadien. «Une porte s'ouvre, estime Me