Menu
Libération
Interview

«Je me réjouis de tout ce qui peut politiser l'Autriche»L'écrivain Robert Menasse estime que l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir peut provoquer un sursaut démocratique dans le pays.

Article réservé aux abonnés
publié le 7 février 2000 à 22h14

Vienne envoyée spéciale

Né en 1954 à Vienne, Robert Menasse est l'un des écrivains autrichiens qui suit avec le plus de passion l'évolution politique de son pays. Ennemi déclaré du parti de Haider, il n'en estime pas moins que son entrée au gouvernement pourrait être une «chance» pour son pays.

A quoi pense un écrivain autrichien pris entre la coalition avec l'extrême droite et les sanctions internationales?

Je trouve les sanctions européennes formidables. C'est toujours une bonne chose que l'on se soucie des droits de l'homme et du racisme. Mais il va falloir poser la question à l'UE: de quoi a-t-elle le plus peur, d'un homme politique de province ou bien du respect de la démocratie? L'indignation morale semble aussi plus forte quand les intérêts économiques n'ont pas à en souffrir. Si la Chine était aussi petite que l'Autriche, la communauté internationale se serait déjà préoccupée de faire arrêter les assassins de la place Tiananmen. Mais la Chine est un grand marché et le pragmatisme politique commande" Craignez-vous que les sanctions européennes braquent les Autrichiens dans leur orgueil national?

Je crois qu'une situation peu appétissante peut conduire à un progrès. Depuis des années, les rapports d'Amnesty International dénoncent de nombreuses atteintes aux droits de l'homme en Autriche. Chaque fois, on nous rétorquait: «Estimez-vous heureux d'avoir un ministre de l'Intérieur social-démocrate, sinon vous pourriez bien avoir Haider à la place.» Désormais, les violation