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Libération

«Tant que des nazis siègent au pouvoir, je ne suis plus Autrichien!» A Vienne, l'intelligentsia fait entendre sa peur.

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publié le 7 février 2000 à 22h23

Vienne de notre correspondant

«Der Zeit ihre Kunst, der Kunst ihre Freiheit.» (A chaque époque son art, à chaque art sa liberté). Depuis vendredi, jour de l'intronisation du nouveau gouvernement, les fameuses lettres d'or surmontant l'immeuble Jugenstil du musée de la Secession viennoise ont pâli. Et pour cause: avec l'entrée de l'extrême droite au gouvernement, tout ce que l'Autriche compte d'intellectuels et d'artistes a compris que «la présence du FPÖ au gouvernement est un danger pour la culture» (Hermann Nitsch). Sans parler du fait que l'«isolement international de l'Autriche ne peut qu'avoir des conséquences dévastatrices sur la situation intellectuelle et artistique du pays» («Lettres des artistes de la Secession»). Déclarations dans la presse, lettres ouvertes, discours lors des manifestations de rue, la quasi-totalité du monde autrichien de l'esprit et des arts a cherché à faire entendre sa peur.

Parmi les positions les plus radicales, celle du directeur du Festival de Salzbourg, Gérard Mortier, annonçant qu'il démissionnerait à l'issue de la saison 2000. On a d'abord cru qu'une menace analogue avait été formulée par l'écrivain Elfriede Jelinek, cible permanente des attaques (jusqu'à présent verbales) du FPÖ et dont l'oeuvre décapante, à l'image de celle de Thomas Bernhard, plonge sans pitié dans les bas-fonds de la conscience autrichienne. Dans un encadré publié hier dans la presse, elle parle de «malentendu»: «J'ai dit que dans cette situation politique, quitter le