En exigeant la libération d’Ismail Khan, un chef légendaire de la résistance afghane détenu par les taliban, les pirates de l’air ont rappelé à leur manière l’irresponsabilité des gouvernements occidentaux face à la situation afghane. A l’époque où l’armée Rouge avait déferlé sur l’Afghanistan et menaçait la stabilité de toute la région, Ismail Khan était un allié tout à fait respectable. Surnommé le «lion d’Hérat» (la grande ville de l’Ouest afghan), cet ancien colonel de l’armée afghane, aujourd’hui âgé de 58 ans, avait su infliger nombre de revers à l’envahisseur et au régime communiste qui lui succéda pendant les douze ans que dura la guerre. Parmi ces faits d’armes, les attaques répétées contre la grande base soviétique de Shindand, où il lui arriva de détruire en une seule fois une vingtaine de MiG.
Chef respecté. Après le retrait soviétique de 1989, il délivra la vieille ville d'Hérat (fondée par Alexandre le Grand) plusieurs semaines avant que le commandant Ahmed Shah Massoud ne s'empare de Kaboul. Une fois la victoire des moudjahidin, lorsque l'Afghanistan a plongé dans une guerre sans fin entre leaders islamistes, il sut établir la paix dans les régions sous son contrôle, désarmer les petits chefs de guerre, entreprendre la reconstruction d'Hérat, en grande partie détruite par les combats, et bâtir un embryon d'Etat dans cette partie du pays. Bien aimé de ses hommes et d'une large partie de la population, Ismail Khan allait cependant être emporté par la déferlante