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Libération
Interview

«Deux tiers des peines de mort sont remises en cause». Le juriste James Liebman analyse les dérapages du système judiciaire américain.

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publié le 9 février 2000 à 22h21

New York, de notre correspondant.

James Liebman est professeur de droit criminel à l'université de Columbia, à New York. Il répond aux questions de Libération.

Le débat autour des «innocents» dans les couloirs de la mort est des plus actifs aux Etats-Unis. Le système judiciaire est-il en cause?

Depuis des décennies, les Etats-Unis fonctionnent avec un système de peine capitale que l'on pourrait presque qualifier d'irrationnel. Nous envoyons environ 300 personnes par an dans les couloirs de la mort. Aujourd'hui, 4 000 détenus attendent leur exécution. Mais dans le même temps, de plus en plus de prisonniers voient leur condamnation revisée du fait d'erreurs de procédure. Dans ce pays où le public reste toujours favorable à la peine de mort, les politiciens commencent à se rendre compte des anomalies d'un système qui produit des condamnations dont près des deux tiers sont remises en cause.

Quels sont les problèmes?

Le problème principal est qu'au niveau des juridictions locales, la tendance du procureur est de rechercher avant tout la condamnation à mort, car c'est un réel argument politique et électoral. On se rend compte alors que nombre de ces procès sont bâclés pour aboutir à une condamnation. Et ce n'est que plus tard que l'on découvre que des erreurs ont été commises. Mais ceux qui les ont commises ne sont jamais tenus pour responsables. Quand un innocent passe quinze ans dans les couloirs de la mort avant d'être libéré, personne ne reçoit un quelconque blâme. Mais c'est en