A 65 ans, Stipe Mesic, dernier président de l'ex-Yougoslavie jusqu'à
son éclatement en 1991, a si souvent connu de revers de fortune qu'il a fait du sourire et de l'humour ses armes maîtresses. Elles l'ont porté lundi à la fonction de président de Croatie, lui qui s'était déjà distingué comme Premier ministre et chef du Parlement avant de connaître une traversée du désert longue de six ans. «Les gens préfèrent un président qui sourit à un président dont on se moque», disait-il après le premier tour de la présidentielle à un journaliste qui lui demandait de réagir aux propos du nouveau Premier ministre Ivica Racan le qualifiant de «Tudjman souriant».
Porte claquée. En fait, personne n'est plus différent de l'autoritaire Franjo Tudjman le père fondateur de l'indépendance croate, décédé le 10 décembre dernier que Stipe Mesic. Tout les distingue: leur style certes, mais aussi leur trajectoire et leur idéologie, même si les deux hommes ont passé cinq ans dans le même parti dont ils ont été les cofondateurs, la Communauté démocratique croate (HDZ), avant que Mesic ne claque la porte en 1994.
Petit, trapu, l'oeil rieur, cheveu ras et barbe courte, l'homme est l'image même du grand-père moderne et dynamique. Il est aussi simple que Tudjman était pompeux, aussi direct que le défunt était ampoulé. Son franc-parler est à l'origine de sa popularité. Il épingle ainsi sans ménagement les fraudeurs ou les montagnards d'Herzégovine vivant aux crochets de Zagreb. Fils de partisan. Mesic es