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Libération

Procès test pour le roi du Maroc. L'officier Adib est jugé pour avoir dénoncé la corruption dans l'armée.

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publié le 10 février 2000 à 22h20

On n'avait jamais vu cela au Maroc. Une salle du tribunal militaire

de Rabat occupée pour moitié par officiers et soldats, pour moitié par avocats et militants des droits de l'homme. Tous étaient venus assister, mardi, au procès du premier militaire jugé pour avoir dénoncé la corruption au sein des Forces armées royales (FAR). A 31 ans, le jeune officier d'aviation Mustapha Adib se retrouve ainsi au centre d'une procédure qui sera perçue comme un test de la volonté d'ouverture et de lutter contre la corruption de Mohammed VI. Et ce, même si la critique de l'armée est affaire brûlante dans un pays où le roi en est le chef suprême.

Tout commence en octobre 1998 quand Adib refuse de s'associer à un trafic de carburant organisé par un lieutenant-colonel de l'aviation dans le Sud. Plusieurs fois sanctionné pour refus d'obéissance, il écrit à celui qui n'est encore que prince héritier. Le futur Mohammed VI ordonne alors une enquête qui aboutit à la condamnation à dix-huit mois de prison du lieutenant-colonel. Mais, à la suite de cette condamnation, Adib est muté à deux reprises. Il porte alors plainte contre l'armée. Un article du Monde, publié en décembre et le citant, va faire déborder le vase. Dès le lendemain, il est arrêté et accusé de «désobéissance aux règlements militaires et de diffamation contre l'institution de l'armée». Mais, selon son avocat, Abderrahim Jemaï, si les officiers doivent obtenir une autorisation avant de parler à la presse, cette disposition ne s'applique