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Libération

Autriche: le «pacte de la honte» ne fait pas rougir les conservateurs. Après l'alliance avec Haider, l'ÖVP resserre les liens autour de son chef.

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publié le 11 février 2000 à 22h19

Alors que les conservateurs de 30 pays européens sont plongés dans

des débats idéologiques qui menacent de les faire s'entre-déchirer, les «noirs» (couleur de l'Österreichische Volkspartei, le parti conservateur autrichien), eux, ne voient pas «où est le problème». Il est certes question ici ou là d'inquiétude, de regrets, éventuellement d'irritations. Mais de scandale ou de carte publiquement déchirée, point. Wolfgang Schüssel peut se sentir rassuré. Le «pacte de la honte» qu'il a conclu avec le FPÖ de Jörg Haider n'a provoqué aucune tempête au sein de son parti. Des 600 000 membres que compte le parti (sur 8 millions d'habitants), seuls une trentaine d'adhérents, quelque part dans le Tyrol, ont décidé de rendre leur carte. Le parti n'a donc pas explosé. Au contraire, pris dans la tourmente des attaques venues de l'étranger, tous ont serré les coudes autour de leur chef incontesté, Wolfgang Schüssel. Et nombreux sont ceux qui ont laissé éclater leur joie de retrouver le pouvoir après trente années de «tyrannie» sociale-démocrate.

Indifférence. Plusieurs pistes permettent d'expliquer le phénomène. La principale tient à une forme d'indifférence. Contrairement au reste de l'Europe, il n'est pas tabou en Autriche de relativiser les crimes du national-socialisme. Dès 1949, l'ÖVP comme le SPÖ avaient intégré dans leurs rangs d'anciens membres du parti hitlérien. Tout est question de mesure: comme le dit Erich Grabner, maire conservateur d'une ville des rives du Danube, Krems, «le