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Libération

Disparus: «briser le silence». Une conférence réunissait à Paris des familles de sept pays méditerranéens.

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publié le 11 février 2000 à 22h18

Jamais, ils ne s'étaient rencontrés. Hanim, la Turque, arrêtée

pendant le sit-in que les «mères du samedi» tiennent à Istanbul, entend encore, quatre ans après, les cris de son mari emmené par les forces de l'ordre. Fadel, le Libanais, souvent contraint de débourser des sommes folles pour soutirer du Liban, d'Israël ou de la Syrie, une indication sur les quelque 17 000 «disparus», morts ou détenus en quinze ans de guerre civile. Ali, le Libyen, en est réduit à se demander comment agir à l'étranger, puisque dans son pays, toute lutte pour les libertés est inimaginable. Ghayyath, le Syrien, est à peine mieux loti pour retrouver ses 3 000 disparus. Nacéra, l'Algérienne, ne sait plus rien de son fils et a lancé le mouvement des familles qui attendent un signe de 10 000 personnes renvoyées au néant. Hourya, la Marocaine, s'insurge contre un Etat considérant le «dossier clos» après avoir reconnu 112 cas, alors que son frère a été enlevé il y a deux ans.

«Aucune trace». Réunis depuis mardi et jusqu'à ce soir à Paris par la Fidh (Fédération internationale des droits de l'homme) pour une «première rencontre euroméditerranéenne des familles de disparus», ces hommes et ces femmes n'avaient jamais perçu à ce point la souffrance partagée. Et leur volonté commune de s'organiser pour s'opposer à cette violence d'Etat. Certes, le contexte et l'ampleur des «disparitions forcées» diffèrent dans chacun de ces sept pays du pourtour de la Méditerranée (c'est seulement en Algérie qu'il s'agit aujo