La retraite d'Edith Cresson est gâchée. La justice belge, compétente
pour juger les infractions commises par les eurocrates, semble décidée à demander des comptes à l'ancienne commissaire européenne chargée de l'éducation et de la recherche (1995 à 1999) pour sa gestion hasardeuse des deniers publics. La Commission a en effet annoncé hier avoir reçu une demande de levée de son immunité diplomatique. Le juge d'instruction bruxellois Jean-Claude Van Espen voudrait entendre comme «témoin» l'ancienne Premier ministre de François Mitterrand dans les affaires Berthelot et Leonardo qui sont à l'origine de la démission de la Commission présidée par Jacques Santer, le 16 mars 1999.
Il s'agit d'une première dans l'histoire de la construction communautaire, aucun commissaire n'ayant connu une telle infortune. Et ses ennuis risquent de s'aggraver, sa responsabilité personnelle pouvant être mise en cause. Ainsi, le comité des experts indépendants, dans son rapport publié le 15 mars 1999, et l'Olaf, l'office antifraude de l'Union, ont confirmé les informations révélées par Libération fin 1998, à savoir que René Berthelot, dentiste à la retraite et ami de Cresson, avait bénéficié d'un emploi fictif à la Commission entre septembre 1996 et février 1997. Plus grave: pour défendre Edith Cresson, son cabinet a produit des rapports soi-disant écrits par l'ancien dentiste censés justifier son emploi. Or l'Olaf a établi que ces rapports étaient des faux, écrits après coup (Libération du 26/11/99).