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Libération

En Côte-d'Ivoire, dans le fief du nouveau «général-président». «Gueï, quoi qu'il fasse, on le suivra»

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publié le 12 février 2000 à 22h17

Kabakouma, envoyé spécial.

Sur 8 km, la piste s'enfonce dans la forêt vierge qui, dans l'ouest montagneux de la Côte-d'Ivoire, ne cède le terrain aux cultures qu'à flanc de colline. Les caféiers y sont en fleurs et les rizières vert pâle. Des bananeraies entourent des champs de maïs. Plus haut, à près de 1 000 mètres d'altitude, on plante du thé et le quinquina au milieu d'orchidées sauvages.

Orphelin de père. «Nous avons tout ici et, maintenant, nous avons aussi un président», se félicite Sénin Yan, le chef du village de Kabakouma, près de 4 000 habitants. Entre les petites maisons en parpaings couvertes de tôle ondulée, des cerises de café sèchent sur des dalles de béton. «Il n'y a plus la case où il est né, regrette le chef. Mais il est bien d'ici.» Le 16 mars 1941, Robert Gueï, «général-président» de la Côte-d'Ivoire, a en effet vu le jour à Kabakouma, «le lieu au-dessus du rocher».

Sous l'arbre à palabres, les vieux se souviennent d'un garçon qui a perdu son père ­ «un planteur comme nous» ­ avant l'âge de 10 ans, «avant d'aller à l'école à Man», la grande ville de la région. «Il s'appelle en fait Gué», corrigent-ils en expliquant qu'en yacouba, «gué» désigne l'iroko, «un arbre qui a un bois très dur». Pourquoi le futur général a-t-il choisi le métier des armes? «Son oncle Sassa, qui l'a élevé, était sergent dans l'armée coloniale.» Robert Gueï rejoint donc les enfants de troupe. Il suit les cours de l'école militaire préparatoire de Ouagadougou, capitale de l'actuel Burki