Si la Conférence intergouvernementale (CIG) n'aboutit pas ou si elle
débouche sur un «mauvais» résultat, l'élargissement de l'Union européenne aux pays d'Europe de l'Est sera retardé. Pierre Moscovici, ministre délégué aux Affaires européennes, qui va négocier au nom de la France au cours de cette CIG, estime, dans cet entretien à Libération, que l'avenir de l'Union européenne se joue cette année. Il reconnaît que l'affaire autrichienne a montré qu'il était urgent de bâtir une Europe politique. Il lui reviendra de conclure la négociation qui s'engage aujourd'hui lors du sommet de Nice, en décembre: à partir du 1er juillet, c'est lui qui dirigera les travaux de la CIG, puisque la France occupera alors pour six mois la présidence tournante de l'UE.
La crise avec l'Autriche aura-t-elle un impact sur la Conférence intergouvernementale, Jörg Haider ayant menacé de bloquer le fonctionnement de l'Union?
C'est davantage un problème politique majeur qu'une simple crise. L'arrivée au pouvoir d'un parti d'extrême droite xénophobe et ambigu sur le passé nazi a créé une situation sans précédent en Europe. D'où une réaction sans précédent. L'Union, en réagissant très fermement, a montré qu'elle n'est pas seulement un grand marché doté d'une monnaie unique, mais qu'elle est bien un projet politique, une communauté de valeurs et de civilisation. Cette fermeté doit s'inscrire dans la durée: il faut refuser toute banalisation de ce gouvernement en mettant en oeuvre sans faiblesse les sanctions