Vienne, envoyée spéciale.
Pour ou contre. Depuis que l'extrême droite est associée au pouvoir, l'Autriche s'est transformée en gigantesque sondage. Samedi, une étude signalait que 73% de la population trouvaient injustifiées les sanctions européennes contre Vienne. «C'était le bon temps quand on était interrogé là-dessus, regrettait déjà hier une enseignante. Cette avalanche de sanctions internationales nous permettait de nous prononcer sur des problèmes périphériques à l'entrée du FPÖ au gouvernement. Aujourd'hui, les Autrichiens ne peuvent plus reculer: il nous faut regarder en face ce qui nous arrive.» Un défilé géant des opposants à Jörg Haider, prévu samedi prochain, est en train de jouer le rôle de catalyseur. Depuis quinze jours déjà, des protestations se sont élevées dans les grandes villes du pays. Une étrange mobilisation spontanée, créant ses propres codes au fur et à mesure où elle se développait. «Au départ, on s'est retrouvés à une manifestation juste après la nomination du gouvernement, explique Anya, infirmière. On a vu qui était là, et on a pris l'habitude de se contacter par l'Internet pour fixer au jour le jour les prochaines actions.» Portable. En fin de journée, dans le centre de Vienne, on voit des petits groupes qui galopent, téléphone portable vissé à l'oreille. Ils finissent à quelques centaines, parfois un millier. Beaucoup sont jeunes, très jeunes. Appareil dentaire et piercing, Maria Bayer, étudiante aux beaux-arts, trimballe dans son sac une boît