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Libération

Angela, une identité torturée au Paraguay. Victime du plan Condor, la jeune femme découvre qu'elle a été «adoptée» par un policier, après l'exécution de ses vrais parents.

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publié le 15 février 2000 à 22h15

Buenos Aires, de notre correspondante.

«Toi, tu n'es pas la fille du commissaire!» Cette phrase lancée par une camarade dans la cour d'école primaire, quand elle n'a que 6 ans, Angela ne va jamais l'oublier. Ce jour-là, elle rentre chez elle en pleurs, mais sa mère la tranquillise. A Asunción, la capitale du Paraguay, sa vie d'enfant unique, choyée par ses parents, reprend son cours, apparemment paisible. Pourtant, une sourde inquiétude s'est désormais installée. A l'âge de 18 ans, quelques mots viennent complètement chambouler sa vie. Sur les conseils d'un ami prêtre, son père, qui a depuis longtemps quitté la police, lui tend une coupure de presse: «Voilà ta véritable histoire"» Angela lit l'appel publié dans un journal paraguayen. On recherche une jeune fille née le 31 décembre 1974, à l'hôpital de la police, remise à des religieuses qui l'ont aussitôt confiée à une famille d'Asunción. L'appel est signé par le président de l'Association américaine de juristes, Martin Almada. Angela a souvent entendu parler de lui. Quelques mois auparavant, Almada a fait connaître au monde sa découverte: dans des immeubles de Lambaré, une banlieue d'Asunción, plusieurs tonnes de documents de la police politique: les archives de la terreur qui révèlent la coordination des dictatures sud-américaines des années 70.

Pourtant, Angela ne répond pas à l'appel d'Almada. Elle a peur" Depuis son retour d'exil en 1989, ce courageux et tenace défenseur des droits de l'homme a fait poursuivre en justi