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Libération

La prude Chine ouvre les yeux sur le sida. Une campagne de prévention est diffusée à la télé. Une première.

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publié le 15 février 2000 à 22h15

Pékin, intérim.

«J'ai toujours été un garçon responsable. S'il n'y avait pas eu cette soirée noire, la vie aurait pu être si bien.» Un adolescent bien habillé monte dans un squat de chantier. Plan suivant: un jeune branché aux cheveux teints en blond et aux lunettes noires, enlaidi par une lumière glauque. Seringue en gros plan. La voix off reprend: «J'ai tout détruit par ma curiosité et mon ignorance.» Puis claque un tampon, qui imprime sur un formulaire le mot «sida» en gros caractères rouges.

Du jamais vu à la télévision chinoise. Et pourtant, depuis le début de l'année, la chaîne CCTV 6 diffuse le spot d'information sur le sida vers 18 heures, entre deux dessins animés. De 11 à 16 millions de spectateurs voient ce message tous les soirs. L'initiative est exceptionnelle en Chine, où la pruderie des médias cantonne souvent la prévention sur le sida à des milieux à risque, prostituées (dont 65% n'utilisent pas de préservatifs, selon l'Organisation mondiale pour la santé) ou drogués (70% des cas de séropositivité en Chine).

«Laisser-aller sexuel». La démarche a pourtant bien failli avorter. L'année dernière, le ministère de la Santé commande quatre spots télévisés de trente secondes: le premier appelle à respecter les séropositifs; le second, un dessin animé, met l'accent sur les modes de contamination et de prévention; les deux autres soulignent les dangers de la toxicomanie et du «laisser-aller sexuel», explique le publicitaire chargé de la production. Dans le dernier spot,