Belgrade, correspondance.
Il ne manquait plus que le cyanure! C'est en ces termes que les Belgradois expriment leur désespoir devant le désastre écologique qui frappe la Tisa, et par voie de conséquence le Danube dont elle est un affluent. Le Danube qui traverse la capitale serbe et alimente certains de ses quartiers. Faut-il paniquer? Ou faut-il croire les autorités qui se veulent rassurantes?
La pollution au cyanure, partie de la mine d'or roumaine d'Aurul, a frappé à mort la Tisa. «L'écosystème de cette rivière est entièrement détruit pour au moins cinq ans», assure Branislav Blazic, ministre serbe de l'Environnement. La Tisa traverse la région la plus fertile de la plaine de Voïvodine, au nord de la Serbie. Même si la concentration du cyanure était hier inférieure au taux toléré d'un dixième de milligramme par litre d'eau (0,1 mg), des professeurs de l'université de Novi Sad, chef-lieu de la province, estiment que ses eaux ne pourront plus servir à l'irrigation avant longtemps. Ils craignent aussi que les eaux polluées n'aient déjà pénétré dans des puits artésiens de la région.
D'autres doutes assaillent le professeur Bozo Dalmacija, chimiste et expert indépendant qui craint les effets de l'éventuelle présence de métaux lourds dans les 100 000 mètres cubes de cyanure qui se sont déversés de la mine d'Aurul. Certains phénomènes observés par des pêcheurs ont attisé ses appréhensions. A l'endroit où la Tisa se jette dans le Danube, des pêcheurs ont non seulement reconnu l'odeu