«Il faut boycotter les personnalités françaises qui soutiennent Ben
Ali»: c'est ce qu'ont affirmé l'écrivain Gilles Perrault et le cancérologue Léon Schwartzenberg au cours d'une conférence de presse tenue, hier à Paris, à l'occasion de l'expulsion de Tunisie de l'universitaire français Jean-François Poirier (Libération du 15/02). Ce dernier a été expulsé après s'être rendu à l'intérieur du pays en compagnie du journaliste tunisien, Taoufik Ben Brik, et de la militante des droits de l'homme, Sihem Bensedrine, pour y vérifier une rumeur selon laquelle l'annonce d'une augmentation du prix du pain avait provoqué des émeutes. Si cette hausse de prix n'a pas eu lieu, plusieurs villes ont bien été secouées par des troubles lycéens pendant plusieurs jours à partir du 3 février. La presse et les autorités n'en ont soufflé mot, mais les témoignages recueillis sur place font état, le 4 février, d'explosions d'envergure à El Hamma et à Zarzis. Elles se sont ensuite étendues à Sfax, la deuxième ville du pays. «Pas une enseigne, pas un panneau n'a échappé aux émeutiers. On dresse ça et là des barricades, on incendie les véhicules (...) Les adultes, témoins hébétés d'un phénomène commencé sans leur assentiment, applaudissent et les mères lancent des youyous. Le jour suivant, les enfants saccagent ce qui peut l'être encore», écrit Taoufik Ben Brik dans un texte envoyé à Paris. Les forces de l'ordre qui, dans un premier temps, semblent avoir été dépassées, ont ensuite utilisé des gaz lacrymo