Spécialiste de l'Iran et professeur à l'Institut des sciences
politiques de Genève, Mohammed-Reza Djalili explique les enjeux des élections.
A voir la campagne électorale, le conflit entre les deux tendances du régime semble n'avoir jamais été aussi exacerbé.
Effectivement, il y a une sorte de guerre ouverte entre les deux camps. Le conflit est très dur parce que les conservateurs ont mis énormément d'obstacles face aux candidats réformateurs. Dans le camp réformateur, les cinquante noms qui faisaient un peu l'unanimité dans l'opinion publique ont été empêchés de se présenter par le Conseil des gardiens (qui a pour fonction de valider les candidatures, ndlr). Les réformateurs ont répliqué. Jusque-là, ils se retenaient, préférant respecter le modus vivendi qui était apparu entre le Guide de la république, Ali Khamenei, et le président Khatami après la révolte étudiante de juillet. La politique très dure du Conseil des gardiens à leur encontre a mis fin à cet apaisement.
Si la campagne a été aussi rude, n'est-ce pas à cause de l'enjeu du scrutin?
Ces élections sont intéressantes, importantes mais pas déterminantes. Intéressantes à cause de la rudesse de la campagne. A cause aussi des slogans apparus ces derniers jours et inimaginables en République islamique. Les étudiants ont ainsi associé le nom de Khatami à celui de Mossadegh (principale figure du nationalisme iranien moderne, renversé par la CIA en 1953 avec la complicité de certains religieux, ndlr). Le verrou du cléricalism