Berlin, de notre correspondante.
«J'abomine Helmut Kohl et je peux parler là au nom de toute la famille»: le ton d'ordinaire courtois de la politique allemande, en particulier au sein de la famille chrétienne-démocrate, s'est soudain chargé de haine. En faisant ainsi exploser sa rage, Thomas Shäuble, frère de Wolfgang Shäuble, le président démissionnaire de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), lui-même ministre CDU de l'Intérieur au Bade-Wurtemberg, a pour la première fois laissé entendre que Kohl n'a pas été pour rien dans ce départ.
Un jour après la démission de Wolfgang Shäuble mercredi, son frère a fait l'historique de la dégradation des relations entre Kohl et son ancien dauphin, accusant l'ex-chancelier de n'avoir versé que des larmes de crocodile, en 1990, quand Wolfgang Shäuble a été victime d'un attentat qui l'a laissé handicapé à vie: «Depuis, nous savons que l'ancien chancelier est de nature aqueuse et qu'il peut pleurer à la demande en n'importe quelle occasion», a lancé Thomas Shäuble. Le lendemain de l'attentat, raconte-t-il, il s'était fait envoyer sur les roses lorsqu'il avait appelé le bureau du chancelier.
Bataille. Cette hargne longtemps contenue et enfin exprimée montre qu'une bagarre intense est en train de se jouer pour l'avenir de la CDU. Invisible, mais encore très présent, Helmut Kohl en est l'un des acteurs. Depuis le 24 novembre dernier, sa silhouette n'a plus été aperçue en séance plénière du Bundestag: lui qui prenait tellement au sérieux sa nouvell