Vendredi, c'était les lycéens qui avaient pris la rue tandis qu'une équipe de militants écologistes grimpait en rappel au dessus d'un musée pour le déclarer «en résistance». La veille au soir, on pouvait, au choix, manifester à Balhausplatz, assister à la soirée sur la problématique des Tsiganes en Autriche organisée par le Club républicain, ou participer à la vente aux enchères d'artistes viennois contemporains pour soutenir l'association SOS-Mitmensch (SOS-Mon prochain), très mobilisée dans la contestation. Là, au palais Kinski, un jeune garçon au crâne rasé et aux sourcils redessinés par des morceaux de métaux greffés, fume à côté d'une élégante en soie noire. «Vous connaissez mon fils?», dit-elle en le présentant à un ecclésiastique. Autour d'eux, un patron de presse, un grand bijoutier, une manucure hésitent à faire monter les enchères sur un tableau. Dans le groupe, un téléphone portable sonne. «Une petite barricade devant le Parlement? Là maintenant, tout de suite? Allez, pourquoi pas.» Et l'ecclésiastique file.
Depuis trois semaines, à Vienne, ça proteste partout et dans tous les sens. Ce n'est pas parce qu'a lieu ce samedi le premier grand défilé organisé, planifié, réglé comme un ballet contre l'entrée de l'extrême droite au gouvernement que cela va changer. «Tant pis», commente un membre du Club des Démocrates, qui sort d'une réunion avec les socialistes, évincés du pouvoir. «Tant mieux», dit un autre membre du Club républicain, qui rentre tout seul au café.
A vrai