C'est jeudi soir que le tribunal militaire de Rabat a rendu son
verdict dans l'affaire du capitaine Mustapha Adib. Après des débats houleux et un procès à huis clos, commencé neuf jours auparavant, ce jeune officier a été condamné à cinq ans de prison pour avoir parlé à la presse étrangère et dénoncé un trafic de carburant organisé par un lieutenant-colonel de l'aviation, dans le sud du pays. Le tribunal a également décidé d'exclure le capitaine Adib des Forces armées royales (FAR) et a refusé de lui accorder des circonstances atténuantes. Son avocat, Me Abderrahim Jamaï, a dénoncé «une série de violations des droits de la défense et des règles de procédure les plus élémentaires» ainsi que «le pseudo-procès» auquel il a assisté. Toutes les demandes de comparution de témoins à décharge ont en effet été rejetées. La défense n'a pu davantage récuser l'un des trois membres du tribunal qui n'est autre que l'officier supérieur ayant sanctionné Adib. Tout avait commencé en octobre 1998, quand Adib avait refusé de s'associer à un trafic de carburant organisé par un lieutenant-colonel. Plusieurs fois sanctionné pour refus d'obéissance, il écrit alors à celui qui n'est encore que prince héritier. Le futur Mohammed VI ordonne une enquête qui aboutit à la condamnation à dix-huit mois de prison du responsable de ce trafic. Mais à la suite de cette condamnation, Adib est muté à deux reprises. Il porte alors plainte contre l'armée. Un article du Monde le citant va faire déborder le vase.