Beaufort (Caroline-du-Sud), envoyé spécial.
En 1860, la Caroline-du-Sud était le premier Etat à faire sécession, et la petite ville alanguie de Beaufort, dont les somptueuses bâtisses à colonnes et vérandas s'alignent sous les magnolias, les palmiers et les chênes géants, était au coeur de la guerre civile. Aujourd'hui, elle est, comme l'Etat tout entier, le champ de bataille d'une nouvelle lutte fratricide qui divise le Parti républicain et oppose le gouverneur du Texas, George W. Bush, au sénateur de l'Arizona, John McCain. L'un et l'autre sont candidats à la candidature des conservateurs pour la présidentielle de novembre, et les électeurs de Caroline-du-Sud devront choisir entre eux samedi. «Ici, c'est le vrai Sud», explique fièrement Dick Andrzejczyk, un ex-Marine barbu, patron de Finders Keepers, une boutique de souvenirs sur Bay Street. «Nous sommes ultraconservateurs, mais rebelles"»
«Bush croyait que la Caroline-du-Sud serait son couronnement. Elle risque d'être son enterrement"» poursuit Dick, qui prédit un raz de marée pour McCain. Il le compare volontiers à Reagan. «Il a le soutien non seulement des conservateurs, mais des démocrates et des indépendants comme moi.» (La «primaire», par laquelle les Républicains de Caroline-du-Sud choisissent leur candidat, est ouverte à tous les électeurs, ndlr). A dire vrai, les sondages donnaient vendredi Bush et McCain au coude à coude (45% pour Bush, 42% pour McCain, avec 11% d'indécis). «On n'a jamais vu ça», reconnaît Frank B