Menu
Libération

Mitrovica, le chaudron du Kosovo. Otan et ONU ont de plus en plus de mal à éviter les heurts interethniques.

Article réservé aux abonnés
publié le 19 février 2000 à 22h43

Kosovo envoyé spécial.

L'hiver, le Kosovo devient boueux au premier redoux. La terre colle aux chaussures, salit les vêtements et souille les véhicules. On s'enlise facilement. L'Otan et l'ONU ­ qui administrent la province depuis huit mois ­ le découvrent jour après jour.

A Mitrovica, l'état-major de la brigade multinationale nord s'est installé dans un ancien lycée. Sur les murs, une carte de la région est piquetée de points rouges et verts. Ils ne se mélangent presque pas. Au nord, les «rouges» représentent les villages serbes dans les cantons de Zubin Potok, Zvecan et Leposavic. A peine un millier de kilomètres carrés adossés à la Serbie. Au sud, le vert indique les communautés albanaises. Et au centre, un «camembert» avec plus de vert que de rouge pour la ville de Mitrovica. «Le chaudron!» résume le général Louis Le Mière, l'un des patrons de la Kfor.

Au fil des mois et des violences, la ville se scinde en deux. Au sud de l'Ibar, il reste 3 Serbes pour 49 000 Albanais. Au nord de la rivière, 12 000 Serbes et 2 000 Albanais, un chiffre en diminution constante et parfois rapide: 900 Albanais sont partis depuis le début du mois. Refusée par la communauté internationale, la partition est là. Les 45 000 militaires de l'Otan présents au Kosovo ne peuvent aujourd'hui que le constater.

Opérations de police. «La situation est tendue mais sous contrôle», assure le colonel Toussaint, officier de renseignement français. Le «contrôle» se paye au prix fort: couvre-feu, opérations de rat