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Libération

Haider mesure son taux d'impopularité.

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250 000 manifestants à Vienne samedi. De toutes tendances, les participants voulaient donner une autre image de l'Autriche, pacifique et tolérante.
publié le 21 février 2000 à 22h42

La ville a disparu, l'horizon aussi, les monuments, les places, les jardins, les rues, plus rien n'émerge, comme englouti sous ces centaines de milliers d'hommes et de femmes, debout sous un ciel blanc. En fin de journée samedi, sur Heldenplatz, à Vienne, on ne voit plus rien que cet infini humain, baigné de pluie. Ils sont là, tout le monde, n'importe qui, jeunes et vieux, riches et pauvres, tellement calmes que ce presque silence impressionne davantage que les slogans, les hymnes, les revendications.

La réponse revient, sous une forme ou une autre, mais c'est toujours la même que chacun avance en premier. Version classique: «Nous manifestons pour montrer au monde une autre image de l'Autriche» que celle d'un gouvernement où le parti d'extrême droite de Jörg Haider vient de faire son entrée. Version politique: «Pour montrer que nous ne sommes pas tous d'accord avec la coalition entre les conservateurs et le FPÖ.» Conceptuelle: «Les sanctions internationales donnent la vision d'une Autriche monolithique et nous voulons ainsi signifier l'ampleur de la résistance.»

Tous «pas d'accord». Pas une seule banderole ne réclame la démission où le retrait de l'extrême droite. Ils sont là pour mener bataille dans la guerre de l'image, foule à l'appui, se montrer, se compter, avant tout. Qu'importe l'habituel jeu arithmétique qui donne cette fois 300 000 manifestants selon les organisateurs, et 150 000 selon la police. De ce samedi, on retiendra surtout que les protestatai