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Analyse

L'Autriche découvre le pouvoir des citoyens.

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La société civile doit s'organiser pour provoquer le changement politique.
publié le 21 février 2000 à 22h42

Ceux qui avaient des craintes sur la capacité de sursaut de la société autrichienne sont rassurés. La manifestation de samedi a atteint son but: rassembler sur la Heldenplatz au moins autant de gens que la légendaire «Mer de lumières» de janvier 1993, où 250 000 personnes (sur 8 millions d'habitants!) s'étaient retrouvées sur cette même «place des Héros», marquant ainsi leur refus d'un programme en dix points proposé par Jörg Haider afin de «lutter efficacement contre le danger de l'afflux d'immigrés». En cela, elle est la preuve de l'émergence d'une nouvelle génération d'Autrichiens, petits-enfants de soldats de la Wehrmacht, de Mitlaufer (ceux qui participèrent aux crimes nazis sans refuser ni accepter), ou encore de victimes du génocide juif ou tzigane. Une génération qui veut que son pays règle enfin ses comptes avec son passé, et qui ne peut supporter la présence au gouvernement de ministres qui, refusant la responsabilité que ce passé leur impose, se permettent de jouer avec les xénophobies d'une partie de la population. Cependant, ce mouvement citoyen émergeant comporte des limites importantes. En 1993, six mois à peine après la précédente manifestation géante, le gouvernement de l'époque (coalition des sociaux-démocrates et des conservateurs) inscrivait dans la loi plusieurs mesures contenues dans les «dix points» de Haider, sans que cela ne provoque la moindre réaction.

Aujourd'hui, on peut se demander si l'expérience de 1993 ne risque pas de se répéter, et si le gra