Environ 20 000 personnes, dont 9 000 sur le pavé de la capitale: cela faisait longtemps qu'une marche de protestation sur un sujet international n'avait pas réuni autant de monde en France. Samedi, la «solidarité internationale» avec l'«autre» Autriche c'était l'un des mots d'ordre lancés par les organisateurs a fait recette. Les habituelles délégations du Parti communiste, de Lutte ouvrière, des Verts et les petites mains de SOS-Racisme constituaient le gros des troupes. Fer de lance d'une forte représentation de la communauté juive, le B'nai B'rith France, mouvement d'entraide juif, déployait une brosse à dents géante pour rappeler que des juifs autrichiens avaient été contraints par les nazis à nettoyer à la brosse à dents les pavés des rues avant l'entrée des troupes allemandes à Vienne.
Hiatus. Sans surprise, donc, une certaine gauche a défilé. Et, une nouvelle fois, s'est illustré le hiatus entre ce que Lionel Jospin qualifie avec un peu d'agacement de «gauche morale» et le gouvernement socialiste. De membres de l'équipe Jospin, il n'y en avait point dans les manifestations. Jeudi, la ministre de la Culture, Catherine Trautmann (lire page 5), avait demandé l'autorisation de participer au défilé. «Un ministre, ça ne manifeste pas», lui a répondu Jospin, alors qu'en Belgique les ministres de la coalition «arc-en-ciel» (libéraux, socialistes et verts) sont descendus dans la rue. «Le Premier ministre craint que, s'il ouvre les vannes une fois, il ne pui