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Libération

2 février, le martyre aux portes de Grozny. A Alkhan-Kala, notre envoyée spéciale Anne Nivat a photographié la fuite des «boïviki» tchétchènes sous les bombes russes.

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publié le 22 février 2000 à 22h40

Alkhan-Kala, envoyée spéciale.

Alkhan-Kala, à quelques kilomètres au sud-ouest de Grozny, la capitale tchétchène, au petit matin du mercredi 2 février: vision d'horreur. Lundi 31 janvier durant toute la journée, puis mardi 1er février, quelque 4 000 combattants tchétchènes ayant décidé de quitter la capitale Grozny, sur le point de tomber entre les mains des Russes, sont passés par ce village dans lequel je me trouvais depuis peu. Le mercredi, après deux jours de bombardements russes contre les boïviki en fuite, le village est figé dans le sang et la terreur. Ces photos ont été prises quelques heures après la fin du bombardement, alors que les habitants du village sortaient, apeurés, de leurs abris.

Après avoir mis quelque vingt-quatre heures à réagir, les Russes qui encerclaient ce village ont décidé de mettre le paquet: pendant cinq heures, le mardi, les piqués des bombardiers étaient assourdissants, les claquements métalliques des obus incessants. Il s'agit de l'opération «Chasse aux loups». Pour les Russes, elle est réussie puisque les combattants sont tombés dans le piège «comme des enfants», affirme trois jours plus tard le général Valeri Chamanov.

Les conditions de la sortie de Grozny sont encore floues: les «rebelles» auraient emprunté un corridor au sud-ouest de la ville, négocié sans doute contre de l'argent, les menant droit à Alkhan-Kala; mais le passage était truffé de mines. Résultat: les pertes parmi les combattants sont énormes, au moins cinq cents hommes sont