Sans attendre les résultats définitifs, Ispahan a décidé hier de
faire la fête. Une foule joyeuse s'est répandue dans les rues. On y a distribué des gâteaux. Et, selon des sources sur place, on y a même vu des jeunes filles danser sans hedjab (le voile), pourtant toujours obligatoire. Il est vrai que cette ville, la troisième d'Iran, a offert une victoire éclatante aux réformateurs, qui ont pris les cinq sièges de députés. A Téhéran, le camp du président Mohammed Khatami semble hésiter à célébrer son triomphe électoral, craignant qu'un grand meeting réunisse une foule trop nombreuse, trop heureuse aussi, et donc susceptible de provoquer des débordements. D'ores et déjà, les réformateurs ont remporté la majorité absolue au Majlis (le Parlement), dominé depuis huit ans par les conservateurs, confortant le président iranien dans sa politique d'ouverture. Le grand vainqueur du scrutin est le Front de la participation (FP, gauche réformatrice), qui est parvenu à faire coexister religieux et laïcs et devient le parti dominant de la vie politique iranienne. Selon les derniers résultats, les réformateurs de toutes tendances ont d'ores et déjà emporté au moins 178 sièges, soit 81% des 218 pourvus dès le premier tour, en y associant leurs alliés indépendants, de gauche ou modérés.
A Téhéran, ville de plus de 10 millions d'habitants avec 30 sièges à pourvoir, la tête de liste des réformateurs, le frère du Président, Mohammad-Reza Khatami, a été élu, alors que son rival, Ali Akbar Hachémi