La ville divisée de Mitrovica cristallise toutes les questions
irrésolues de la crise du Kosovo près de neuf mois après le déploiement de 50 000 soldats de la Kfor qui ont installé un protectorat international de fait sur cette ancienne région autonome au sud de la Serbie, peuplée à 90% d'Albanais de souche, que Belgrade avait repris en main en 1989. Là, le long de la rivière Ibar, se jouent tout à la fois: le statut futur de cette province, théoriquement toujours partie intégrante de la RFY, et le tracé de sa frontière nord. Pour l'écrasante majorité des Albanais, modérés de la LDK, d'Ibrahim Rugova, ou durs, de l'ancienne UCK de Hasim Thaçi, il est hors de question que le Kosovo revienne un jour sous la souveraineté d'une Serbie même débarrassée de Milosevic.
Havre de paix relative. Au nord de l'Ibar, dans un petit quart de la ville, vivent un peu plus de 10 000 Serbes. Ils seraient en tout quelque 50 000 à vivre dans ces quatre communes adossées à la Serbie d'où arrive le ravitaillement comme les salaires. Un camp retranché avec ses groupes d'autodéfense mais aussi un havre de paix relative. Dans le reste du Kosovo, les Serbes 50 000 personnes vivent dans la peur, regroupés dans des enclaves et sont ravitaillés par les aides humanitaires. A Pristina, chef lieu du Kosovo, il ne reste plus que 400 Serbes sur les 30 000 qui y vivaient avant-guerre. Ceux de Mitrovica veulent pouvoir s'autoadministrer, affirmant ne se sentir en sécurité que dans un environnement homogène.
Coe