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Libération

Matignon rogne la chasse gardée élyséenne. Le Premier ministre aimerait plus de liberté en politique étrangère.

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publié le 24 février 2000 à 22h38

On le sent tenté sur le fond, hésitant sur la manière. Conscient des

avantages et des risques. Depuis la fin de l'année dernière, Lionel Jospin a cessé de considérer les questions de politique étrangère seulement à travers le prisme des contraintes de la cohabitation. Il a envie de s'émanciper, de constituer son propre corps de doctrine, d'exister. Et, à tâtons, un peu en zigzag, il tente de répondre à la question clé: y a-t-il une politique étrangère de gauche dont la mise en oeuvre pourrait lui permettre de sortir de l'ombre du président de la République?

Petite musique «socialiste». Le 18 décembre, rentrant du Japon, le chef du gouvernement dévoile pour la première fois son appétit: «On fait l'essentiel du travail, on laisse Chirac en profiter», glisse-t-il. Il est vrai que, à Tokyo, comme à Pékin un an plus tôt, il a le sentiment légitime d'avoir à peu près réussi l'exercice, d'avoir représenté dignement la France tout en faisant entendre sa petite musique «socialiste» qui fait rimer mondialisation et régulation. Pourquoi cela ne lui serait-il pas crédité? Fin décembre, lors du coup d'Etat en Côte-d'Ivoire ­ au coeur de ce super pré carré présidentiel qu'est l'Afrique noire francophone ­, pour la première fois, il s'oppose ouvertement à Jacques Chirac, tenté de soutenir le président démis, Henri Konan Bédié (Libération du 10 février 2000). Après plusieurs échanges entre les deux hommes, les thèses du Premier ministre l'emportent. «Psychologiquement, ça a été important», r