Thiès, envoyée spéciale.
Ses longues mains battent mollement l'air, en geste d'apaisement, comme si tant d'exubérance chez ses partisans l'indisposait. Abdou Diouf, président sortant et candidat à sa succession à l'élection de dimanche face à sept adversaires, a confirmé hier à Thiès qu'il n'était pas un tribun. Cet ancien haut fonctionnaire de 64 ans préfère visiblement les dossiers et le jeu de dames, dont son père fut un maître, aux bains de foule. Cela ne l'a pas empêché d'exercer le pouvoir comme Premier ministre pendant onze ans avant de succéder à Léopold Sédar Senghor. Chef de l'Etat depuis dix-neuf ans, il brigue un nouveau mandat de sept ans, qu'il espère remporter dès le premier tour, appuyé par le puissant appareil du Parti socialiste, créé en 1948 et au pouvoir depuis 1960.
Thiès, ville ferroviaire située à environ 70 km de la capitale, n'est pas une proie facile. Les cadres locaux du Parti socialiste se succèdent à la tribune. Quelques hauts personnages de l'Etat, comme le vice-président de l'Assemblée et Serigne Diop (qui, avant d'entrer au gouvernement, fut l'un des plus talentueux lieutenants d'Abdoulaye Wade, principal adversaire de Diouf), viennent réaffirmer leur soutien à Diouf. En retrait, l'austère Ousmane Tanor Dieng, premier secrétaire général du PS et directeur de campagne, et Elizabeth, l'épouse de Diouf chrétienne dans un pays à plus de 90% musulman couvent des yeux le N'diol (le grand), dans son boubou blanc. Derrière lui, une affiche reprend l