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Libération

Le Sénégal dans son chaudron électoral. Sous tension, le pays votait hier pour ou contre Abdou Diouf.

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publié le 28 février 2000 à 22h34

Dakar, envoyée spéciale.

Les Sénégalais ont voté hier pour élire un président comme ils seraient allés à un référendum. Le pays, qui n'a jamais connu d'alternance politique, a d'abord voté pour ou contre le président sortant, candidat à sa succession, Abdou Diouf, plutôt que pour le programme de l'un des huit candidats. C'est sans doute ce qui donnait hier à Dakar cette atmosphère crépusculaire. Après une campagne émaillée de violences, l'organisation plutôt satisfaisante du scrutin, selon les observateurs nationaux et internationaux, ne suffira pas à calmer les esprits. Le Sénégal est un chaudron. Chacun est conscient ici que le Parti socialiste n'abandonnera pas facilement le confort d'un pouvoir longtemps confisqué. L'opposant Abdoulaye Wade, qui, à 74 ans, a affronté Léopold Sédar Senghor avant de se mesurer quatre fois à Abdou Diouf, dispose pour sa part d'une popularité qui ne se mesure pas qu'à la quantité de voix, beaucoup de ses partisans n'étant pas en âge de voter. La lassitude, le désespoir parfois sont tels qu'une manifestation peut tourner très vite à l'émeute, comme lors des élections de 1988.

Les premières tendances du scrutin ne devaient être connues que dans la nuit. La journée a été marquée par quelques incidents, notamment en Casamance, où les élections ont été perturbées par la reprise des hostilités entre l'armée et de présumés rebelles indépendantistes. Mais les heurts ont été, dans tout le pays, de moindre importance qu'aux législatives de 1998. De part