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Libération

Un Noir tué, quatre «cops» acquittés. Le Bronx est sous le choc du verdict. Les jurés ont retenu la légitime défense.

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publié le 28 février 2000 à 22h34

New York, de notre correspondant.

Sans un mot, la petite fille s'est frayée un passage à travers la foule. Elle a regardé un moment le petit immeuble de brique rouge à deux étages, s'est agenouillée et a déposé ses fleurs sur la chaussée, dans une rapide prière. Puis, elle est repartie tout doucement, et un peu plus loin sa mère l'a prise par le bras. «Tu vois ma petite, je veux que tu te souviennes de ce jour. Aujourd'hui, les gens de couleur ont perdu leur dignité.»

En ce samedi matin, ils sont une centaine à s'être rassemblés devant le 1 157, Wheeler Avenue, l'appartement d'Amadou Diallo. Des femmes, des hommes, des enfants, tous résidants de ce quartier de Soundview, au sud du Bronx. Sur le trottoir, un homme tient sa tête entre ses mains et dit qu'il «ne peu[t] toujours pas y croire». Tout près, un cordon de policiers attend, immobile. La rue a été bloquée d'un côté, pour prévenir tout débordement. Mais, pour l'instant, le calme semble prévaloir. «La colère, elle est à l'intérieur», souffle Lourdes Mocete, qui porte une pancarte barrée de deux mots: «No Justice». «Les policiers seraient trop heureux qu'il y ait des violences. Mais on ne leur fera pas ce cadeau. Ce que l'on veut, c'est qu'on arrête de nous traiter comme des animaux.»

«Légitime défense». New York était sous le choc ce week-end, après l'acquittement des quatre policiers inculpés de «meurtre au second degré» et accusés d'avoir tué Amadou Diallo sur le pas de sa porte, aux premières heures du matin, le 4 févr