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Libération

Artistes libres à Vienne. Des créateurs se positionnent contre Haider.

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publié le 29 février 2000 à 22h31

Vienne, de notre correspondant.

«Der Zeit, ihre Kunst. Der Kunst, ihre Freiheit.» («A chaque époque, son art. A chaque art, sa liberté.») Les fameuses lettres d'or estampillées sur le célèbre bâtiment de la Sécession à Vienne brillent d'une actualité plus brûlante que jamais. Car, depuis cette journée du 4 février qui vit l'entrée de ministres d'extrême droite dans le gouvernement autrichien, l'inquiétude règne dans les milieux culturels. Et pour cause: non seulement l'idéologie xénophobe véhiculée par le FPÖ de Jörg Haider est aux antipodes d'un art qui se veut libre, mais Haider lui-même n'a jamais manqué une occasion de s'insurger contre toutes formes d'avant-garde, auxquelles il oppose les valeurs moralisatrices d'un art folklorique national.

Coup de poing. Hier, l'association des artistes qui gèrent la Sécession (avec des expositions de jeunes créateurs internationaux) a réagi par une opération coup de poing. Sur l'immense façade blanche, une affiche gigantesque retourne la citation des «Sécessionnistes» du siècle dernier: «Der Kunst, ihre freiheitlische» («à chaque art, son libéral»). Une référence directe au FPÖ, le Freiheitlische Partei Österreich (Parti autrichien de la liberté). Son auteur? L'Autrichien Franz West, un des artistes les plus cotés de l'art contemporain. Son oeuvre va rester accrochée deux semaines, puis faire place à d'autres créateurs. Des noms aussi prestigieux que Paul McCarthy, Joseph Kosuth, Renée Green ou John Baldessari ont déjà répondu à l'appe