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Libération

Kadhafi abolit l'Etat libyen. Pour sécuriser le pays, le pouvoir est dévolu à des instances locales.

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publié le 2 mars 2000 à 23h07

L'histoire bégait-elle? En 1977, le colonel Kadhafi proclamait la

Jamahiriya (l'Etat des masses) censée instaurer le pouvoir direct du peuple, via les «comités révolutionnaires». Vingt-trois ans plus tard, le numéro un libyen annonçait, hier, à la télévision l'abolition de tout gouvernement central et le transfert de l'essentiel des prérogatives des ministères à des organismes provinciaux. Décisif dans un pays pétrolier, le ministère de l'Energie lui-même est dissous et seuls six ministères (sur dix- neuf) sont épargnés, dont la Justice, la Sûreté, les Affaires étrangères, les Finances et l'Information.

Fantasque. Comment expliquer ce nouveau bouleversement décidé par celui qui, en 1977, avait déjà annoncé qu'il ne se considérait plus comme un chef d'Etat mais comme «le théoricien et le guide» de la Jamahiriya? La personnalité fantasque d'un dirigeant, auquel on prête l'objectif d'exister en surprenant et la volonté de jouer un rôle historique, n'éclaire pas tout. La rhétorique officielle non plus, qui évoque la nécessaire «décentralisation de la gestion pour renforcer le pouvoir du peuple».

«En 1977, Kadhafi instaurait l'Etat des masses, mais ne proposait pas d'alternative. Aujourd'hui, il incite les communes à s'autoproclamer libres et indépendantes dans un but précis: organiser localement la sécurité du territoire contre les islamistes et la contestation sociale qui gronde», estime une étude du Centre d'études et de recherches internationales (Ceri) (1).

Pour justifier cette