Menacé par l'imposition de la charia dans le Nord, le Nigeria subit

la loi du talion dans le Sud-Est. Hier, des renforts de l'armée nigériane envoyés à Aba, dans le delta du Niger, ont révélé toute l'ampleur des contre-tueries qui, depuis le début de la semaine, ont fait près de 450 victimes parmi les commerçants musulmans originaires du Nord, pourchassés sur place par la majorité chrétienne. Mardi, un premier bilan avait fait état d'une cinquantaine de tués. Cette nouvelle hécatombe fait suite à un massacre antichrétiens qui, la semaine dernière à Kaduna, la principale ville du Centre-Nord, s'est soldé, selon de nombreuses sources sur place, par au moins un millier de morts.

Officiellement, il n'y aurait eu «que» 400 tués à Kaduna. Le gouvernement central a en effet tenté de minimiser les affrontements entre chrétiens et musulmans après l'introduction, fin janvier, de la loi coranique dans l'un des 35 Etats de la fédération nigériane. Au moment où cinq autres Etats du Nord, dont celui de Kaduna, s'apprêtaient à suivre l'exemple, la minorité chrétienne y a exprimé sa résistance. A Kaduna, depuis longtemps agité par des courants islamistes, cette opposition a déchaîné une sanglante chasse aux «Nazaréens». Quand l'armée fédérale a repris le contrôle de la ville, trois jours plus tard, les cadavres ont été ensevelis en toute hâte dans des fosses communes" Lundi, des rescapés des tueries à Kaduna sont arrivés à Aba, au coeur du pays Ibo qui, il y a trente ans, avait tenté de faire