Amsterdam, de notre correspondante.
Il y a presque quatre ans, le général croate Tihomir Blaskic s'était volontairement rendu au Tribunal pénal international (TPI). Vendredi, il a été condamné à quarante-cinq années de prison pour «crime contre l'humanité», la peine la plus lourde jamais rendue par le TPI. «Blaskic est aussi le plus haut gradé jamais jugé par le tribunal», commente le porte-parole du procureur, Paul Risley. Le général a été jugé coupable de presque toutes les accusations portées contre lui. En tant que chef de l'armée des Croates de Bosnie (HVO) en Bosnie centrale entre 1992 et 1994, il est «coupable d'avoir personnellement ordonné la commission de nombreuses attaques», réalisant le nettoyage ethnique des Musulmans de la région. Le président de la chambre, Claude Jorda, a rappelé l'épisode le plus lourd: celui de l'épuration de la vallée de Lasva, et en particulier du village d'Ahmici où, dans la nuit, des centaines de Musulmans ont été sortis de leurs lits pour être abattus.
Le général de 39 ans, chaussant de petites lunettes, écoutait dépité son verdict au moyen d'écouteurs. Sa situation s'est complètement retournée en quatre ans. En avril 1996, c'était un Blaskic fier et fort qui s'était rendu au TPI, clamant son innocence. Six mois plus tôt, en pleine signature des accords de Dayton sur la Bosnie, il avait été promu au titre d'inspecteur de l'armée croate, alors même qu'il faisait déjà l'objet d'un mandat d'arrêt: un pied de nez à la juridiction de La Haye