Lisbonne, envoyé spécial.
La scène qui a eu lieu hier dans la capitale portugaise en dit plus qu'une longue analyse. Alignés comme à la parade, derrière une table tapissée de rouge, ils s'apprêtent à répondre aux questions des journalistes sur la Tchétchénie. «Ils», ce sont dans l'ordre: Javier Solana, le haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Igor Ivanov, le chef de la diplomatie russe, Jaime Gama, son homologue portugais et président en exercice de l'UE, Madeleine Albright, la secrétaire d'Etat américaine, le Commissaire européen aux relations extérieures Chris Patten, et le Français Hubert Védrine. Ils sont là pour la première «trilatérale» réunissant l'UE, les Etats-Unis et la Russie. Sans broncher, sans même ciller, ils écoutent Igor Ivanov affirmer que «la Russie a toujours été ouverte pour régler la situation en Tchétchénie. Nous n'avons pas empêché les organisations non gouvernementales de s'y rendre, pas plus que les journalistes accrédités».
Pour lui, il vaut mieux attendre, avant de se prononcer sur les événements, d'avoir des «informations objectives» et non des «informations détournées», comme on en trouve dans les médias occidentaux. Sentant qu'il a trouvé son public, il pousse son avantage: «Je lance un appel à nos partenaires occidentaux: la lutte contre le terrorisme international et ça (la guerre en Tchétchénie, ndlr) est une cause commune.» Les camps de filtration, les massacres, les tortures, les déportations, tout cela relève