Vienne, de notre correspondant.

Il est une chose que Jörg Haider n'apprécie pas du tout: que l'on puisse le soupçonner d'antisémitisme. Pour s'être permis, dans une interview au magazine viennois News, publiée en novembre 1999, de décrire comme «antisémite» un propos de Haider (qui refusait de croire à une augmentation des menaces contre les juifs depuis les élections d'octobre), le président de la Communauté du culte israélite (IKG) d'Autriche, Ariel Muzicant, est poursuivi en diffamation par le leader de l'extrême droite. «Je ne me laisserai pas bâillonner par M. Haider et M. Böhmdorfer (avocat de Jörg Haider dans cette affaire et" nouveau ministre de la Justice, ndlr)», a-t-il réagi hier lors d'une conférence de presse.

A 48 ans, il préside depuis un an au destin d'une petite communauté qui ne compte que 8 000 à 12 000 personnes (contre 200 000 en 1938). Ariel Muzicant appartient à la génération «intermédiaire» des juifs autrichiens. Celle qui n'a pas connu, dans sa chair, l'horreur des camps de concentration, mais celle aussi qui n'a pas peur d'en parler. Ni d'affirmer publiquement que l'on a le droit de se considérer juif et autrichien en même temps.

Vous êtes attaqué en justice par Jörg Haider. Comment comptez-vous réagir?

J'ai l'intention d'utiliser ce procès ­ s'il a vraiment lieu, nous attendons la réponse du procureur sur ce sujet d'ici quelques semaines ­ pour démontrer que Haider utilise le mensonge comme instrument politique, et que la somme de ses déclarations inc