Le président sud-coréen Kim Dae-jung est arrivé hier à Paris pour
une visite d'Etat de deux jours. Au programme: les investissements français en Corée du Sud, tels que la reprise de Samsung Motors par Renault et le projet de TGV Séoul-Pusan.
Kim Dae-jung a le caractère d'un Sisyphe. Un opposant qui pendant quarante ans a roulé son rocher contre l'une des pires dictatures de droite. Après six ans de prison, plusieurs sances de torture aux électrochocs, dix années passées en résidence surveillée ou en exil forcé, deux condamnations à mort, Kim est enfin élu président, en décembre 1997 mais à l'un des pires moments de l'histoire de la Corée du Sud: la crise économique lamine le pays, dont les entreprises sont surendettées. Une crise qui, estime-t-il aujourd'hui, «est complètement surmontée». Même si l'affirmation tient un peu de la fanfaronnade de banquier, force est pourtant de constater un certain reflux du «mal coréen»: la collusion incestueuse entre le monde des affaires et celui de la politique, qui a permis aux chaebols (les conglomérats) de s'endetter sans limite. Kim dit avoir maintes fois refusé les avances vénales du pouvoir et des chaebols. Démocrate fervent et catholique très pratiquant, il expliquait au lendemain de son élection triomphale: «Si j'ai pu résister à la dictature et me battre contre elle pendant toutes ces années, c'est grâce à ma raison, à ma conviction ferme et à ma croyance en Dieu.»
Ennemi. Kim est pourtant homme de compromis, comme l'a montré son