Llodio, envoyé spécial.
«Moi, je n'ai pas peur», avait-il prévenu. Et, arrivé sur la rue Pio XII, une des artères commerçantes de Llodio, Carlos de Urquijo tient à le prouver. Il se campe devant un graffiti où son nom a été entouré d'une cible de tir, et tente de prendre un air détendu. A quelques mètres de là, une grappe de jeunes séparatistes, un verre de bière à la main, ricanent d'un air mauvais. Le petit homme ne peut éviter un rictus d'embarras et prend le large. Autour, l'incident est passé inaperçu. C'est jour de carnaval, à Llodio, grosse bourgade industrielle de 20 000 habitants engoncée dans la vallée du Nervion et, malgré la grisaille, on s'active à trouver l'habit le plus fantasque pour le défilé imminent. Carlos de Urquijo n'a pourtant pas franchement le profil du froussard. Député régional, conseiller municipal à Llodio sous la bannière du Parti populaire (PP, centre droit) depuis 1987, ce Basque fier de ses origines n'a jamais caché sa farouche opposition aux thèses séparatistes professées par Herri Batasuna (HB), la vitrine politique d'ETA. Une inimitié qui lui vaut d'ailleurs bien des tourments.
Garde du corps. A Llodio, il ne se passe pas une semaine sans que lui ou les cinq autres conseillers non-nationalistes (du PP ou du Parti socialiste) minoritaires parmi les 17 conseillers ne subissent insultes ou menaces. «Je suis entré en politique pour défendre l'idée d'un Pays basque intégré à l'Espagne. Ce n'est pas aujourd'hui que je vais baisser les bras», co