Eïn-Bonsouar (sud du Liban), envoyé spécial.
On dirait l'intérieur d'un modeste foyer dans un coin enneigé de campagne française. Le village, adossé à un contrefort montagneux, s'appelle d'ailleurs Eïn-Bonsouar et ses habitants disent que cela vient du français «bonsoir». Sur l'un des murs de la maison, une reproduction de Fragonard est restée accrochée. La Petite Liseuse a survécu au désastre. A travers la façade béante, on voit une pièce ravagée. Le missile a frappé là. On en voit les débris, dont «l'oeil» qui l'a conduit jusqu'à sa cible. C'est un Hell-Fire américain. Missile antichar à charge creuse, il aurait pu transformer en «chaleur et lumière», selon l'affreuse expression des marchands de terreur, une famille de quatre personnes. Heureusement, celle-ci a entendu l'hélicoptère israélien arriver et s'est enfuie en portant la grand-mère. C'était la veille et il était juste 8 heures du soir. Le premier Hell-Fire a pulvérisé une maison déserte. Le second a frappé cette bâtisse, à côté de la mosquée. L'appareil est reparti. Le lendemain matin, un technicien s'emploie déjà à rétablir électricité et téléphone. Dans quelques jours, «Croisade pour la reconstruction», une des nombreuses associations chapeautées par le Hezbollah, viendra rebâtir les maisons détruites. La semaine dernière, un autre hélicoptère était déjà venu bombarder le village. A 11 heures du soir.
On ne saura pas pourquoi l'hélicoptère israélien a attaqué ces deux maisons qui, à l'évidence, n'abritaient pas