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Libération

Pour éviter le choléra, Médecins du monde organise le ramassage des cadavres qui commencent à émerger des eaux.

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publié le 8 mars 2000 à 23h00

Chokwe, Palmeira envoyé spécial.

Ce n'est qu'une forme, dans le fond d'une maison dévastée. Neil a été prévenu par les voisins qui refusent de franchir le seuil, à cause de l'odeur. En s'approchant, il aperçoit un bras qui dépasse de la boue séchée. C'est un cadavre de plus, le douzième depuis ce matin. Près de l'église de la petite ville de Chokwe, cet Anglais de Médecins du monde «fait le sale boulot», comme il dit. Un masque sur le visage, il referme le bodybag sur le corps de la femme découverte au fond de sa maison, avant de l'allonger avec les autres, dans la benne d'un camion.

A la fin de la journée, 38 corps restent en attente d'une sépulture. «Il y en a sûrement d'autres, emportés par la crue, on ne les trouvera pas avant plusieurs semaines.» La mairie, débordée, a promis de creuser une fosse commune, le plus vite possible. Mais en attendant ils restent dehors, sous une température de 28°. «D'habitude je soigne les gens, mais aujourd'hui je charrie les cadavres pour éviter aux vivants de tomber malade», pour éviter le choléra, surtout. Un policier veille sur le camion et refoule quelques familles qui veulent savoir si les leurs sont dans les sacs jaunes alignés.

Disparition. Asuncion, elle, va voir Neil directement. Elle cherche Antonio, son fils de 13 ans. Depuis la dernière crue, il y a deux semaines, elle n'a pas de nouvelles. «C'était tôt le matin et il jouait dehors. Nous, on était à la maison et on a grimpé sur le toit.» Le médecin anglais a établi un descriptif