Menu
Libération
Portrait

Al Gore «Elevé pour être Président»

Article réservé aux abonnés
publié le 9 mars 2000 à 22h58

Le «Al Gore nouveau» est arrivé un jour de septembre dernier. Lors d'un meeting dans le New Hampshire, le vice-président, habitué au costume-cravate, s'est présenté en polo verdâtre et col ouvert. «C'est une façon de montrer qu'il est plus proche des gens, expliquait alors son entourage, le reste suivra.» Celui qui s'est assuré mardi l'investiture démocrate à la présidentielle revient ainsi de loin. Candidat annoncé depuis 1998, Gore a risqué le naufrage à l'été 1999, quand les électeurs ont commencé à s'intéresser à Bill Bradley, l'ancien sénateur du New Jersey, et à son message en faveur «d'une nouvelle politique». Dans les sondages, Gore se voyait alors devancé un peu partout.

Pendant de longues semaines, la presse va se demander si «Al» a les moyens de redresser la barre. Durant huit ans passés dans l'ombre de Clinton, ce garçon, élevé à la soupe politique par un père sénateur du Tennessee, n'a pas su échapper à ce que l'on appelle ici le «syndrome du vice-président». «Fameux mais pas connu», Gore, 51 ans, apparaît surtout comme un homme fade, programmé pour la politique, mais sans idéaux. Lors de son passage au Congrès, il évite les sujets de contentieux, comme les problèmes raciaux ou l'avortement (sur lequel il changera d'ailleurs d'avis), pour se faire le champion de l'environnement et de «l'effet de serre». Après l'affaire Lewinsky, lui qui ne cesse de marteler son «grand sens moral» souffre aussi de son association avec une administration marquée par les scandales,